J’ai une mauvaise nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui aspirent à revenir vers une conception plus naturelle de la parentalité : la nature à compter qu’elle est un jour existé, est à jamais perdue…
Il est possible de se tourner vers le passé : mais qui a dit que le passé était meilleur ? et surtout que le passé était plus naturel ? Et puis quel passé choisir ? Le plus reculé ? (Je rappelle que l’allaitement, l’éducation maternelle etc. est une idée tout aussi neuve que le bonheur. C’est Rousseau, l’Emile, 1762. Avant-hier).
Et puis pourquoi vouloir retourner vers la nature ? Pourquoi la nature serait-elle meilleure ? Les inondations, les séismes et les moustiques ne sont-ils pas naturels ?
Je suis une citadine 100%. Le seul exemple de nature que je connaisse ce sont les chattes (quoique les chats citadins sont peut-être aussi dénaturés et en quête d’un retour aux sources). Les chattes mettent au monde leurs petits toutes seules (et meurent en cas de complications à moins de l’intervention naturicide d’un vétérinaire), lavent leurs petits seules et avalent le placenta. Si un petit est en difficulté (respiratoire ou autre), elles le tuent ou le plus souvent le laissent sans soin et il finit par mourir (à moins encore de l’intervention naturicide d’un humain). Pendants les premiers mois de leur vie, les chatons ne sont qu’avec leur mère qui les allaitent, les lavent et les éduquent. Puis quand elle les juge sevrés (et ce de manière parfaitement naturelle : quand elle n’a plus de lait et que la tétée lui fait mal), elle les abandonne purement et simplement et renie tout lien de parenté avec eux. Est-ce là un modèle attrayant ?
Je sais : j’exagère, j’ai l’ironie facile… Je rejoues Voltaire contre Rousseau… Je sais… Mais quand même je rejoins les inquiétudes de Mme Badinter (voir post du 16 mars) quant à cette passion du retour à la nature.